Entre le titre et la peinture, deux choses intriguent : d’abord qu’un tableau puisse représenter une temporalité, ensuite une sensation de vide. Est-ce le résultat de la disparition des personnages ?
Ils sont là, en nombre, les verres de cocktail le prouvent, mais personne sur la toile. La simplification de ce salon, plutôt minimaliste, renforce cette impression d’allégement : probablement une de ces locations estivales où ne figure que le mobilier essentiel. Les activités du farniente sont suggérées : lectures de livres ou magazines, apéritifs entre amis, jeu de ballon, la baignade est évoquée avec la vue sur mer.
D’ailleurs cette pièce carrelée comme une piscine, avec un plafond de verre, n’a-t-elle pas pour usage de dispenser au spectateur un bain de lumière ?
Le tableau comme solarium. Où l’on s’immerge par contemplation. Les hôtes du salon possèdent des œuvres d’art, abstraites, « informelles », normal : les vacances sont un emploi du temps précisément informel.
A la place de l’écran télé (pas d’écran ? C’est vraiment les vacances !) une peinture religieuse, ancienne, qui trône au-dessus du foyer : la vacance estivale n’est-elle pas le reflet de celle du 7éme jour ?
Voilà une peinture de la vacuité, où la figuration en remontre à une abstraction conceptuelle à la Malevitch : la terribilitas du carré blanc sur fond blanc qui se voulait définitive y est déjoué avec ironie et modestie par une « histoire simple » où l’effroi n’est pas exclu (voir l’effigie possible d’un terroriste à la une d’un magazine : l‘actualité, ailleurs, n‘est pas en vacances). « Le temps des vacances », ou l’otium latin, illustrée par un peintre romain d’aujourd‘hui.
Christine Sourgins